Après 20 ans d’histoires pas possibles

par Gabrielle Ayotte Garneau, coordonnatrice du rendez-vous des Grandes Gueules, photos par Busque

 

Si les artistes des mots connaissent les motifs pour vous tricoter des imaginaires dans lesquels vous aimez vous blottir, les fils de parole dont ils ont le secret sont un ramassis de couleurs à provenance multiple. La parole, la vôtre, la mienne, est sans contredit un outil exceptionnel pour filer les souvenirs, les histoires et les sourires, pour s’échanger les bouts de ficelle et mieux se connaître. Chaque laine contient un brin de l’ailleurs que l’on ne connaît pas encore, raconte un peu de cet Autre duquel on se méfie parfois, et nous rappelle des moments ou des lieux que l’on sait par coeur. La rencontre, tel un fuseau, solidifie le matériel et nous laisse entre les mains une balle de laine colorée. Le festival est un métier à tisser. Les rencontres sont des ressources premières. Les conteurs et conteuses sont des tisserands. Profitez d’un coin de catalogne, dans ses plis vous vous reconnaîtrez, dans sa chaleur, vous découvrirez l’Autre.

 

Après 20 ans d’histoires pas possibles, comment se remettre en marche pour l’édition suivante, comment l’aborder pour qu’elle devienne une nouvelle lancée plutôt que juste l’année d’après? La vingt et unième soit, mais pas la dernière, loin de là! Les organisateurs ont choisi de se concentrer sur les forces du Rendez-vous des Grandes Gueules : la libre place à la rencontre; l’ambiance particulière qui transforme Trois-Pistoles, qui fait que plutôt qu’être spectateurs, nous tous sommes acteurs, conteurs, personnages, amis. Le festival, c’est aussi un tremplin incroyable pour une multitude de conteurs qui ont foulé ses planches, se faire connaître, certes, mais surtout essayer les nouvelles créations, sortir de l’ordinaire, du traditionnel. Il y aura toujours une place pour le conte traditionnel, c’est évident, mais le conte peut être moderne, jeune, actuel, il peut choquer, faire réfléchir, faire rire, faire pleurer. Il doit résonner. Le Rendez-vous n’est pas folklore. Tout juste majeur, sa vingtaine a passé vite!

 

sept01

 

Michel Leblond ne tarit pas d’histoires et d’anecdotes sur le festival. Évidemment, l’animateur est littéralement aux premières loges pour rencontrer tous les conteurs et conteuses qui suivent son introduction. D’un côté les artistes lui soufflent leurs craintes, leurs joies et leur tract, de l’autre les organisateurs lui transmettent leurs paniques, leurs surprises et leurs excitations. S’ajoute le côté des spectateurs, ceux et celles qu’il doit amuser et informer, eux aussi lui livrent leurs réactions, leurs rires, leur ennui (si peu) ou leur enthousiasme. « Est-ce que l’animateur est une grande gueule aussi? » Selon Michel, l’animateur est surtout une grande oreille. C’est la première recommandation qu’il fait à ses successeurs : l’écoute. Le dur labeur d’être sur une scène et de n’être qu’un faire valoir, d’être celui qui met en valeur les artistes, d’être le liant. Michel Leblond a éprouvé la technique, la grande oreille parmi les grandes gueules, il ramasse ici et là les cailloux de mots que les conteurs ont lancés pour refaire le chemin qui mènera la foule à bon port. Attentif et pince-sans-rire, bedonnant de bonheur depuis le tout début, Michel Leblond a donné sa couleur au festival des 20 dernières années.

 

sept02

 

C’est d’ailleurs ce qu’il dit à Marilie Bilodeau et Jean-Maxime Lévesque : « mes recommandations, soit, mais trouvez votre méthode, votre couleur, votre place ». C’est donc avec excitation et quelques appréhensions que les animateurs cherchent cette place à prendre sans cassure, mais sans duplicata. Pistoloise d’origine, Marilie a secrètement convoité cette place privilégiée. En animant quelques événements, le goût s’est développé. Le festival, elle en sort amoureuse chaque fois, « c’est à ce moment que Trois-Pistoles est la plus belle »! Le rêve se concrétise alors, la croisée de l’animation et de l’événement.

 

sept03

 

Amateurs de culture, Jean-Maxime et Marilie ont monté sur quelques scènes du festival, parfois en travaillant ensemble, comme dans les formations ou les cabarets, ou parfois en parfaits ennemis au Concours national de la plus grande menterie. C’est tout de même avec joie qu’ils envisagent de travailler ensemble une fois de plus. Ils feront une bonne équipe pour vous ouvrir l es portes de l’imaginaire, en gardant, pour leur part, leurs pieds sur terre, les oreilles tout ouïes.

 

sept05

 

À propos de Marie-Amélie Dubé

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