Texte | Stéphane Bélanger
Photos | Le Gosseux
C’est par un bel après-midi d’automne, alors que le soleil nous faisait profiter de ses derniers chauds rayons, que j’ai eu le plaisir de rencontrer Patrick Lavallée, alias le Gosseux. Il m’a gentiment ouvert les portes de son atelier situé dans le village de L’Isle-Verte, son village d’adoption. Après une vie parsemée de méandres, ce Maskoutain d’origine a choisi le Bas-Saint-Laurent pour s’établir et se consacrer à sa passion, l’art populaire ; art qu’il définit comme un art naïf, un art identitaire, de coeur et de passion.
En entrant dans l’atelier, l’abondance de figurines, de personnages colorés, de représentations de scènes d’époque est ce qui saute d’abord aux yeux. Une multitude de créations qui peuvent paraître hétéroclites au premier coup d’oeil, mais qui ont néanmoins un dénominateur commun : les légendes québécoises. En laissant vagabonder nos yeux çà et là, on reconnaît tantôt Marie-Josephte Corriveau, alias la Corriveau, qui aurait assassiné ses sept maris ; tantôt les huit braves bûcherons de la Chassegalerie qui ont conclu un pacte avec le diable ; tantôt ces draveurs qui pratiquaient leur métier au risque de leur vie. Notre histoire regorge de ces légendes parfois sombres que le Gosseux prend plaisir à recréer en les affublant de couleurs vives afin de les égayer.
Après une visite de l’atelier, Patrick m’invite à m’asseoir. Je prends place sur un sofa d’allure vintage alors qu’il se tire une bûche sur une vieille chaise de barbier. Tout au long de la rencontre, la chaise émet de subtils grincements, témoins de son long vécu. Notre entretien est tout simple, amical. L’échange est réciproque.
Le but de cette rencontre est d’en apprendre plus sur le Gosseux luimême, sur son dernier projet, Le jardin d’Halloween, qui fut exposé au jardin Jeanne-d’Arc sur les plaines d’Abraham jusqu’au 31 octobre, mais surtout sur son projet d’envergure à venir.
LE JARDIN D’HALLOWEEN
La Commission des champs de bataille nationaux a demandé au Gosseux de créer des oeuvres relatives à 16 légendes du Québec. Fidèle à son habitude, il a créé ces pièces grandeur nature en les parant de vives couleurs, de façon à faire oublier le côté sombre de certaines légendes, car l’exposition extérieure est aussi bien ouverte aux jeunes qu’aux moins jeunes.
Environ six semaines de travail acharné ont été nécessaires pour réussir cet exploit, durant lesquelles la principale contrainte rencontrée était le temps. Les efforts déployés n’ont pas été vains ; l’exposition fut fort appréciée des visiteurs. Plusieurs médias, dont Le Soleil, Le Journal de Québec, Galerie Go Art et Ici Radio-Canada, pour ne nommer que ceux-là, ont notamment couvert cette exposition ludique.
Cette exposition a donné une visibilité encore plus grande à notre Gosseux local. Il n’en fallait pas moins pour qu’un autre projet lui soit soumis.
LES SUFFRAGETTES
En effet, le département d’histoire du Parlement de Québec a approché l’artiste afin qu’il crée une pièce commémorant les 100 ans du droit de vote des femmes dans la Belle Province ; droit qui leur a été accordé le 9 février 1922. La réponse ne s’est pas fait attendre. Aussitôt proposée, aussitôt acceptée.
C’est en l’honneur de toutes ces femmes, de tous les milieux sociaux de l’époque que cette pièce verra le jour sous les mains de cet artiste autodidacte, pour faire reconnaître leur volonté, leur audace, leur ténacité. Ces femmes ont par leurs convictions tracé le chemin des femmes qui leur ont succédé. L’égalité homme-femme étant une valeur intrinsèque au Gosseux, ce projet est pour lui viscéral.
Fait à noter, Patrick Lavallée sera le premier artiste en résidence reçu dans le nouvel agrandissement du Parlement. Son oeuvre y sera exposée au public. Elle sera ensuite conservée aux Archives nationales, côtoyant les écrits des personnalités les plus influentes de l’histoire québécoise, dont Jacques Cartier. Bien peu d’artistes auront droit à cette reconnaissance dans leur vie.
LA PASSION
Ethnologue de coeur, comme il se décrit lui-même, Patrick Lavallée parle avec passion de légendes, d’histoire et de folklore. Par ses créations, il donne vie à ces légendes afin de leur assurer une pérennité. Il s’agit pour lui d’un legs pour les générations futures, afin qu’elles n’oublient pas que de grands hommes et de grandes femmes ont bâti le Québec.
Par ses oeuvres, Patrick aspire à nous faire se souvenir, voyager, rêver. Comme il le dit lui-même si bien : « Rêver, ça ne se fait pas juste en dormant. »
Pour conclure, le Gosseux vous invite lui-même à suivre sa page Facebook Atelier du Gosseux. Il y présente ses oeuvres, ses réflexions, ses coups de coeur. Bien entendu, les pouces en l’air et les coeurs seront les bienvenus ! Un geste simple, rapide qui permet d’encourager cet artiste qui a choisi notre belle région pour faire rayonner son art.